Ce n'est désormais plus un simple bruit de couloirs. Les boulangeries-pâtisseries font partie des ERP (établissements recevant du public) de catégorie 5, la moins exigeante sur le plan de la sécurité contre les risques d'incendie et de panique (à condition que le public reçu, travailleurs compris, n'excède pas 200 personnes).
A ce titre, elles doivent se faire plus accueillantes à l'égard des « personnes à mobilité réduite », qu'elles soient handicapées, âgées, enceintes ou avec poussette…
Cette législation concerne aussi bien l'aménagement du magasin que l'accueil par les vendeuses. Elle émane de la loi de 2005 qui pose le principe « d'accès à tout pour tous ».
Une bénéfice pour tous ?
Philippe Guilbert, gérant de la pâtisserie Gourmandine à Valenciennes, dans le Nord, et membre de l'Association des maîtres pâtigoustiers, a tenu compte de cette nouvelle norme lorsqu'il a rénové son magasin en juillet 2007.
« L'accès se faisait par un sas latéral, peu commode. Après avoir obtenu du propriétaire une autorisation pour que l'entrée soit en façade, j'ai dû déposer un permis de construire à la mairie et aux Bâtiments de France (le commerce se trouve à proximité d'un site classé).
C'est là qu'on m'a informé de cette législation des ERP qui exige plusieurs choses : un espace en magasin suffisamment large (pour permettre les manoeuvres d'un fauteuil roulant), un comptoir abaissé, une porte à ouverture automatique et un seuil d'entrée sans marche », indique-t-il.
Pour se conformer au dernier point sans que la rampe n'empiète sur le trottoir, il a dû faire un renfoncement central avec deux vitrines semi-circulaires de part et d'autre, ce qui a posé quelques soucis techniques. Bilan de la facture : le surcoût s'est élevé à 10.000 €.
Mais il est fier d'être entré dans cette démarche solidaire, à laquelle il est sensible. Son effort lui a valu d'ailleurs d'être remarqué par le collectif Handicap Accessibilité pour tous (le Chat). Une médiatisation et un label d'accessibilité qui lui ont apporté une nouvelle clientèle, pas forcément handicapée dailleurs.
Pas si simple
Georges et Laureline De Matos, gérants du Fournil Bagneulais à Saumur (Maine-et-Loire), ont pour leur part rencontré beaucoup de difficultés.
« Après avoir déposé notre dossier à la mairie, nous avons reçu l'accord des Bâtiments de France et celui de la DDE. Mais la mairie est restée opposée au projet.
Vu l'étroitesse du magasin, la rampe d'accès devait nécessairement être placée sur le trottoir. C'est là que ça bloquait. C'est à peine croyable : l'Etat nous impose une réglementation lourde qu'on ne peut même pas appliquer !
Nous avons donc décidé de faire le forcing par la presse locale. Le lendemain de la parution de l'article, la mairie nous recevait pour tenter de trouver un arrangement ! », explique Georges, qui regrette en plus d'avoir été obligé de financer la totalité de la mise en conformité (soit 10.000 €) et de payer une patente pour avoir un droit d'accès sur la voirie.
Les travaux commencent dans la foulée : la largeur de la rampe fera 120 cm de largeur (au lieu des 140 cm demandés), ceci afin de laisser un passage suffisant aux piétons.
En cas d'accident piéton/cycliste du fait de l'ouvrage, on lui a bien fait savoir qu'il serait tenu pour responsable ! « L'affaire De Matos » fait aujourd'hui école dans la ville.
« Pour certains, ça va être difficile de se mettre en règle. Je ne sais pas comment ils vont pouvoir faire », s'interroge Georges. Des dérogations seront forcément nécessaires. Affaire à suivre donc.
GUIDEL'accessibilité des commercesCe guide est édité par le Centre national d'innovation santé autonomie et métier. Un document pour savoir sur la nouvelle législation applicable den 2015. Téléchargez le guide. Site : http://www.cnisam.fr/ |
par Armand Tandeau (publié le 8 février 2011)