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Ne pas confondre incapacité et incompétence

L'embauche d'un travailleur handicapé reste inconcevable pour la plupart des employeurs. Et s'il avait pourtant quelque chose en plus ?

Le fait n'est pas nouveau. Les personnes atteintes d'un handicap souffrent souvent davantage de leur image que de leur déficience. Aussi plus d'un tiers des actifs reconnus travailleurs handicapés (TH) sont-ils aujourd'hui au chômage.

Plutôt que de mettre tous les TH dans le même « panier », les recruteurs devraient approfondir la question du handicap avec plus de discernement. Qui a dit qu'incapacité rimait avec incompétence ?

Egalité des chances

Michel Nurit est bien placé pour comprendre que le handicap fait fuir ou au contraire suscite un affect excessif et déplacé.

En mai 2006, à la suite d'un accident de voiture, une opération sur la colonne vertébrale le déclare « TH ». Il ne peut plus porter de charges lourdes. Cela aurait pu être pire… mais cette simple étiquette va lui rendre la vie beaucoup plus difficile. Contraint de quitter son emploi, il entreprend une formation pour devenir moniteur d'atelier en Esat (1).

Mais voilà, même dans un tel établissement, il se heurte à un mur. La discrimination liée au handicap a vraiment la vie dure… Il finit par s'embaucher lui-même en créant son entreprise : « L'Atelier du pain », qui a ouvert ses portes en septembre dernier à Château-Thierry (Aisne). Il est heureux finalement d'être revenu à son métier d'origine, la boulangerie.

Il accueille en apprentissage Jean-Sébastien qui souffre, pour sa part, d'un handicap mental, ce qui ne l'empêche pas d'être très apprécié de ses formateurs et de son tuteur.

« Le problème de l'emploi des TH, explique Michel Nurit, c'est que l'employeur pense toujours que le travail sera mal fait. La plupart de ces jeunes ne veulent pas qu'on les prenne en pitié, mais qu'on leur fasse confiance. Ils veulent juste être reconnus pour leurs compétences, comme tout le monde. »

Une motivation à toute épreuve

« Avec ce qu'elles ont eu à traverser, les personnes handicapées ont appris à se battre et ont une motivation extraordinaire, alors que bien d'autres jeunes du même âge traînent les pieds », explique-t-il en entrepreneur convaincu.

Et il n'est pas le seul ! Une étude montre que 93 % des employeurs qui ont recruté un TH en sont pleinement satisfaits (sondage Louis Harris/Agefiph–Manpower, août 2005).

C'est le cas de Jean-Louis Collinet, gérant de deux boulangeries-pâtisseries à Rezé et Carquefou (Moulin Tartine) dans la Loire-Atlantique. Il y a six ans, il s'est laissé convaincre lorsqu'un institut pour déficients visuels l'a contacté.

« Christopher est resté trois ans en apprentissage. Même si l'école n'était pas vraiment son "truc", il a quand même réussi le CAP de boulanger puis le CAP de pâtissier. Est arrivé ensuite Jérôme qui est aussi resté trois ans. L'intégration dans l'équipe s'est toujours très bien passée, l'adaptation au travail s'est faite sans souci. Ces garçons avaient vraiment une volonté d'y arriver et une grande motivation pour le métier. Mais ils ne partaient pas de rien. Ils avaient déjà des gestes et une petite expérience. Je leur ai fait confiance car je sentais du potentiel », indique-t-il. Le patron se sent prêt aujourd'hui à embaucher un TH en CDI si cela venait à se présenter.

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(1) Esat : Etablissements et services d'aide par le travail.

Voir également : http://vosdroits.service-public.fr/F1654.xhtml

par Armand Tandeau (publié le 8 février 2011)

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