C’est sur le sujet de la viande cellulaire (ou cultivée) que l’Académie d’agriculture de France et l’Association française de zootechnie ont débattu le 18 novembre 2021 à Paris. Pour dresser un état de l’art de cette technologie émergente, se sont succédé à la tribune : Céline Laisney, experte foodtech (AlimAvenir), Didier Toubia, entrepreneur (Aleph Farms), Gabriel Lesveque-Tremblay, entrepreneur (Orbillion Bio), Marie-Pierre Elliès-Oury, enseignante (Bordeaux Sciences agro) et chercheuse (Inrae).
Agriculture cellulaire
Dérivé de la biotech régénérative, le procédé consiste à produire in vitro (en fermenteurs ou en bioréacteurs) du muscle à partir de cellules de bœuf, agneau, saumon, crevette... Placées dans un milieu de culture approprié (composé de nutriments, hormones, facteurs de croissance…), certaines cellules souches (prélevées sur l’animal) sont capables de se multiplier et se différencier en cellules musculaires (et adipeuses) pour s’agréger, formant des fibres musculaires et du gras. L’industriel peut ensuite récolter ces tissus et les transformer en produits carnés comestibles. Les intervenants ont questionné l’intérêt de l’agriculture cellulaire pour la planète et ont dressé un état des avancées mondiales à l’aide d’indicateurs évocateurs : nombre de startups (80 à 90 en 2021), capitaux investis (3,1 Md$ en 2020), profils des investisseurs (GAFA, industries alimentaires), diversité des produits, développement de la filière (supports, milieux de culture, équipements…), etc. Si des produits crédibles apparaissent un peu partout dans le monde (Singapour, Israël, Qatar...), leur acceptation par les consommateurs reste difficile, notamment en France et en Europe (il y a moins de freins culturels en Asie ou aux États-Unis). Cette innovation percera probablement par le biais d’ingrédients alimentaires ou des protéines végétales en vue d’élaborer des viandes hybrides encore plus qualitatives.