« Même si la guerre en Ukraine s’arrêtait demain, nous serions obligés d’augmenter nos tarifs. Sinon, nous risquerions de mettre en péril notre activité. Pour ma part, elle sera de l’ordre de 15 % fin avril. Et cet été, il faudra revoir encore à la hausse nos prix de vente », explique Thierry Dubach (Moulin de Sarralbe, en Moselle). La récolte 2021 a été mauvaise, d’où l’envolée des cours depuis la fin de l’année dernière. Sur le marché ‘‘physique’’, le prix de la tonne de blé a été multiplié par deux en un an. La farine n’a évidemment pas suivi, car d’autres facteurs interviennent. Mais avec l’augmentation du poste énergie, ce n’est plus possible d’y couper, nous devons répercuter la hausse. Chacun tente d’ajuster au mieux pour conserver une marge décente, sans accabler son client. »
Thierry Dubach, DG du Moulin de Sarralbe, en Moselle : « Chaque intervenant de la filière tente d’ajuster au mieux pour conserver une marge décente, sans accabler son client. » D. Péronne
Aucun risque de pénurie
Même constat inéluctable pour Lionel Deloingce, meunier en Île-de-France et Normandie, vice-président d’Intercéréales. « Nous écrasons 110 000 t par an, sur quatre sites. Nous avions déjà augmenté nos tarifs à l’automne 2021. Une deuxième réévaluation a eu lieu en mars, une troisième est prévue en juillet, une autre en octobre. Au final, nous devrions être à quasiment +30 % en un an. Avec un impératif, continuer à accompagner les boulangers dans leur quotidien. Cette notion de service nous amène à pratiquer ces hausses de manière séquencée, afin qu’elles soient ‘‘assimilables’’ par nos clients. Les meuniers qui ont une bonne couverture, avec des stocks importants, peuvent tenir encore sur des tarifs pondérés un certain temps… Mais, ce sont vraiment les fondamentaux de la construction du prix de revient qui sont attaqués. »
Lionel Deloingce, meunier et vice-président d’Intercéréales : « Ce sont les fondamentaux de la construction du prix de revient qui sont attaqués. » Intercéréales
Côté approvisionnement, « il n’y a aucun souci à avoir, insiste Anne-Céline Contamine, directrice générale de l’ANMF. Sachant que 99 % de la farine utilisée par les boulanger de l’Hexagone est d’origine française. La problématique est vraiment liée à une logique économique qui contraint à ces hausses du prix de la farine. Et ceci alors que les indicateurs montrent que la meunerie génère des marges assez faibles. Il n’est plus possible de contracter davantage les coûts. »