Meunerie
Le métier de meunier change : les manipulations physiques ont beaucoup diminué, au profit d’une modernisation des process.
Le métier de meunier change : les manipulations physiques ont beaucoup diminué, au profit d’une modernisation des process. © Ensmic

« Maillon faible de la filière », la meunerie en quête d’apprentis

En Charente-Maritime, le campus de l’alimentation Enilia-Ensmic de Surgères propose la seule formation de meunier en France. Après quelques années difficiles en matière d’effectifs, la tendance s’inverse.

L’école de meunerie de Surgères* a bien failli disparaître il y a deux ans. Mais sa directrice, Marie-Pierre Gousset, à la tête de l’établissement de Charente-Maritime depuis trois ans, y insuffle une nouvelle dynamique afin d’attirer les candidats. Une dynamique qui s’appuie en partie sur la démarche Chasseurs de graines, lancée en 2024 (lire La Toque n° 364-365, p. 14).

« Notre école a effectivement connu quelques années de vaches maigres, avec des effectifs qui étaient tombés à sept étudiants par promotion, alors même que la profession peine à recruter, détaille Marie-Pierre Gousset. Le directeur précédent, d’origine marocaine, faisait venir des jeunes du Maroc, ce qui avait permis de maintenir des effectifs à peu près constants. Mais ce chef d’établissement a été muté. Et, surtout, après le confinement, le programme a fait l’objet d’une révision afin de répondre au mieux aux demandes des professionnels, comme c’est le cas pour toutes les filières de formation, poursuit la directrice du Campus de l’alimentation. Malheureusement, les représentants des industries céréalières ne se sont pas manifestés, au motif que le cursus ne correspondait plus à leurs besoins. Le BTS meunerie en tant que tel a disparu. Nous avons réussi à maintenir l’équivalent en changeant de nom : nous avons détourné un BTS généraliste dans lequel a été inclus un parcours “meunerie”. »

Un moulin pilote

Depuis, le nombre d’étudiants est reparti à la hausse. Ils sont quinze en première année pour cette année scolaire 2024-2025, douze en deuxième année. En septembre prochain, ils devraient être vingt à venir à Surgères. Une seule jeune fille en revanche, sur les vingt-sept étudiants actuels. 

« Le métier souffre toujours d’un a priori négatif, dur physiquement avec de lourdes charges à porter, dans un environnement constamment poussiéreux. Surtout, la plupart des jeunes n’ont aucune idée de ce à quoi il correspond, déplore la directrice. Autant la boulangerie, la pâtisserie, la production de céréales même, véhiculent l’image positive de bons produits, sains pour la population, avec ce côté créatif pour la pâtisserie, qui attire. Autant la partie mouture du blé semble ne pas exister ! C’est vraiment le maillon faible de la filière. »

Depuis deux ans, le BTS de Surgères a vu aussi arriver un certain nombre de jeunes en provenance du Sénégal. Ces derniers veulent s’établir en France avec un véritable métier en main. « Notre atout est de posséder un moulin pilote, précise la responsable. L’équivalent d’un vrai moulin mais aux dimensions 1/20e, qui nous permet de préparer les élèves à l’utilisation d’outils modernes et performants. Nous nous tournons résolument vers les nouvelles technologies, le numérique, l’intelligence artificielle ; avec comme mot d’ordre : l’excellence. »

* Formation du Campus de l’alimentation, regroupant l’École nationale d’industrie laitière et des industries agroalimentaires et l’École nationale supérieure de meunerie et des industries céréalières.

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