Meunerie
Le remplissage des grains en fin de cycle s’est fait dans de bonnes conditions météorologiques, les blés Agriculture Biologique et Culture Raisonnée Contrôlée sont de bonne qualité cette année.
Le remplissage des grains en fin de cycle s’est fait dans de bonnes conditions météorologiques, les blés Agriculture Biologique et Culture Raisonnée Contrôlée sont de bonne qualité cette année. © A. TANDEAU

Blé tendre : les filières AB et CRC résistent

Ces deux filières plébiscitées en boulangerie artisanale sont soumises depuis plusieurs années à de fortes contraintes, qui fragilisent leurs modèles vertueux. La nouvelle récolte apportera-t-elle un nouveau souffle ?

Cette année, la qualité de la récolte en blés tendres certifiés est qualifiée de "bonne", aussi bien en Agriculture Biologique (AB) qu’en Culture Raisonnée Contrôlée (CRC), d’après les enquêtes annuelles de FranceAgriMer (communiqué du 15 octobre) et du groupement d’intérêt économique Filière CRC (communiqué du 24 septembre).

Du bon blé bio pour la meunerie

En ce qui concerne le bio, les analyses indiquent un taux de protéines de 10,8 %, un niveau « moyen » et en légère baisse par rapport à 2024 (11,2 %) mais qui reste cohérent avec la moyenne du conventionnel (11, 3 %) et le mode de fertilisation (organique). Cette valeur modeste est toutefois compensée par d’excellents résultats sur le poids spécifique (78,4 kg/hl), la teneur en eau (12,4 %) et l’indice de chute de Hagberg (100 % de la récolte est au-dessus de 240 secondes). Concernant la panification, les résultats sont aussi très satisfaisants. La force boulangère (W) est annoncée à 174 (versus [vs] 178 en conventionnel) et la note de panification (en tradition française) à 253 points sur 300 (vs 254 en conventionnel). De très bons résultats donc, qui soulagent la filière.

Tendances au repli des surfaces

Les données relatives à la quantité ne sont pas encore accessibles (elles sont attendues en décembre). Mais les experts s’attendent à une année assez médiocre, non à cause d’une baisse de rendement mais du fait d’une diminution des surfaces exploitées. En effet, sur la campagne précédente (2024-2025), l’Agence bio avait enregistré un recul de 30 % des surfaces et une chute de 52 % de la collecte (pour le blé tendre). Cette forte baisse était en partie due aux mauvaises conditions météo de l’automne-hiver 2024, qui s’étaient traduites par un désengagement sur les céréales, mais pas seulement. Ce repli s’additionnait à un recul massif des surfaces céréalières en conversion depuis 2020 (près de - 40 % par an sur les trois dernières années) et même à un phénomène inédit de déconversion (13 % en 2024).

La récolte 2025 de blés français certifiés AB et CRC garantit une bonne matière première pour la meunerie. (© A. TANDEAU)

Le CRC retrouve sa dynamique

Concernant les céréales CRC, Filière CRC rend compte d’une récolte (blé tendre, blé dur, seigle) assez généreuse et qualitative, avec environ 569 000 tonnes (t), dont 563 000 t de blé tendre (544 000 t effectivement certifiées). Ces volumes en hausse (+ 32 % vs 2024) après une année historiquement basse devraient à nouveau combler et fidéliser les marchés acheteurs, d’autant que les lots affichent de bons critères de qualité (taux de protéines supérieur à 11 %, poids spécifique élevé, indices de panification satisfaisants). Les surfaces cultivées sous CRC reviennent également à une tendance haussière (87 000 hectares [ha] vs 80 000 ha en 2023-2024), avec un rendement moyen de 65 quintaux par hectare, un peu en retrait par rapport au conventionnel (74 q/ha) mais cohérent avec les pratiques agricoles à bas intrants.

Une filière protectrice

La filière CRC tire sa force de son réseau stable d’agriculteurs (3 000 producteurs) et d’organismes stockeurs (32 coopératives) qui restent engagés malgré les difficultés persistantes. Le maillage logistique et le processus de certification (renforcé) garantissent aussi une traçabilité, gage de confiance pour l’aval (meuniers, fabricants d’ingrédients, industriels). Cette filière agricole (qui représente 10 % des blés français écrasés par la meunerie française) confirme ainsi sa résilience dans un contexte sous tension, avec notamment des prix à la vente insuffisamment rémunérateurs. Le système de prime à la qualité payée par les meuniers aux organismes stockeurs (et redistribué aux producteurs), la moindre dépendance aux intrants, les débouchés français ou la bonne reconnaissance en BtoB devraient continuer à séduire les céréaliers.

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